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Informations autour de l'hypnose par Claire Flavigny

Histoire de l’hypnose

L’hypnose existe et se perd depuis la nuit des temps  En effet les phénomènes hypnotiques semblent avoir toujours existé. On les retrace dans les anciennes civilisations comme celle des Sumériens, des druides, dans les techniques millénaires du yoga et de la méditation orientale. À ses débuts, l’hypnose fut pratiquée sous différentes formes où elle était étroitement associée à la magie et à la religion : de la Chine à l’Inde en passant par l’Egypte pharaonique, elle était au cœur de cérémonies magiques et religieuses. L'Egypte ancienne se servait de l'hypnose comme moyen thérapeutique,

Ce sont les papyrus en particulier, le papyrus Ebers, vieux de 3000 ans, qui nous révèlent les méthodes employées, identiques aux nôtres. Un papyrus trouvé par Georg contient la phrase « Pose ta main sur la douleur et dis que la douleur s'en aille ».

D'autres papyrus (an -3000) montrent des miroirs utilisés par des médecins probablement comme inducteurs hypnotiques pour réaliser des anesthésies ou analgésies. Certains documents égyptiens parlent de l'imposition des mains.

Les Grecs, quant à eux, désireux de guérir sous hypnose dormaient dans les temples et se soumettaient à toute une série de rituels (bains, ablutions, suggestions, médiums…)

Plusieurs documents datant des années 1400 révèlent que de nombreux moines, un père jésuite notamment, des médecins et chercheurs utilisèrent des méthodes apparentées à l’hypnose pour détendre, soulager et guérir.

Au Moyen-âge, toutefois, l’Église poursuivait et condamnait pour sorcellerie ceux qui pratiquaient l’hypnose sous une forme ou sous une autre. En définitive, nous pouvons dire que la définition et la pratique de l’hypnose se sont continuellement modifiées au cours du temps, selon les époques et les courants de pensée dominants.

 

Mesmer (1734- 1815)

Il est généralement admis que l'histoire de l'hypnose commence au XVIIIe siècle avec le médecin allemand Franz Anton Mesmer et le magnétisme animal, terme qu'il commence à utiliser à partir de 1773,. Mesmer est le premier à avoir l'ambition de donner une interprétation enfin rationnelle à des phénomènes que l'on peut décrire sous le terme général de « transe » et qui, tels quels, semblent désigner l'irrationnel ou la magie;

Mesmer était persuadé que le corps humain, à l’image de l’univers, était imprégné d’un fluide magnétique invisible sur lequel il était possible d’agir.

Messmer publiera son Mémoire sur la découverte du magnétisme animal en 1779 avec le soutien de son premier converti important, le médecin Charles Deslon. 

Les thèses principales de ce Mémoire sont les suivantes :

Un fluide physique subtil emplit l'univers, servant d'intermédiaire entre l'homme, la terre et les corps célestes, et entre les hommes eux-mêmes ;

La maladie résulte d'une mauvaise répartition de ce fluide dans le corps humain et la guérison revient à restaurer cet équilibre perdu ;

Grâce à des techniques, ce fluide est susceptible d'être canalisé, emmagasiné et transmis à d'autres personnes, provoquant des « crises » chez les malades pour les guérir.

Selon Mesmer, le magnétisme animal est la capacité de tout homme à guérir son prochain grâce au fluide naturel que le magnétiseur serait capable d'accumuler et de retransmettre grâce à des « passes » dites « passes mesmériennes », sur tout le corps.

 

Le marquis Armand-Marc-Chastenet de Puységur (1751-1825)

Né en France en 1751, fut l’un des fidèles disciples de Mesmer. Il observe que les conduites d’agitation ne sont pas les seules observées pendant la transe et va mettre en évidence la capacité de certains sujets magnétisés à agir et à communiquer pendant l’état magnétique.

Il découvrit le magnétisme en soignant avec succès un jeune homme. Il fut le premier à communiquer avec son sujet et cette étape marqua le début de la suggestion. Il découvrit que les sujets sont apparemment de plus capables d’accéder à des capacités et des connaissances accrues. Cet état est désigné comme «sommeil lucide». Cette interaction verbale somnambule-magnétiseur inaugure la démarche psychothérapique

 

James Braid (1795-1860)

Ce médecin chirurgien écossais découvrit le magnétisme en assistant aux démonstrations d’un magnétiseur français nommé La Fontaine. Il se laissa convaincre très rapidement de la véracité des expériences de ce dernier. 

Cependant, il refusa la théorie du fluide et suggéra, plus tard, une théorie basée sur la physiologie cérébrale. Pour Braid, l’hypnose est un état spécial du système nerveux provoqué par des moyens artificiels permettant de plonger le patient dans un état de sommeil artificiel, mais surtout de l’influencer à des fins curatives par la suggestion. Son mérite est d’avoir compris qu’hypnotiser relevait plus d’un savoir que d’un pouvoir et d’avoir démontré toute l’importance de la suggestion verbale.

 

Charcot (1867-1936), Ecole de la salpêtrière) et Bernheim (1840-1919), Ecole de Nancy

Vers 1880, les neurologues de la Salpetrière, Richet en particulier, redécouvrent l’hypnose dans les cabarets de théâtre et notamment chez le célèbre Donato.

Charcot assiste à ses représentations et décide d’étudier les transes à sa consultation de l’hôpital. 

Par sa définition de l’hystérie et sa célébrité, Charcot apporte à l’hypnose un regain d’intérêt, mais c’est surtout par la confrontation entre l’école de la Salpetrière avec Charcot et l’école de Nancy avec Bernheim, que le débat s’est enrichi. 

Tandis que Charcot utilise l'hypnose dans une perspective expérimentale, notamment pour mieux comprendre les paralysies hystériques, Bernheim définit l'hypnose comme un simple sommeil produit par la suggestion et susceptible d'applications thérapeutiques. « Dormez, je le veux »

En 1884, Bernheim définit la  suggestion  comme l'influence provoquée par une idée suggérée et acceptée par le cerveau » puis en 1886 comme « une idée conçue par l'opérateur, saisie par l'hypnotisé et acceptée par son cerveau ». En 1903, Bernheim considère que l'on ne peut pas distinguer l'hypnose de la suggestibilité. Il abandonne progressivement l'hypnose formelle, soutenant que ses effets peuvent tout aussi bien être obtenus à l'état de veille par la suggestion, selon une méthode qu'il désigne du nom de « psychothérapie »

En cela, il s'oppose à la définition de Charcot qui voit en l'hypnose un état pathologique propre aux hystériques. Charcot déclare que les symptômes hystériques sont dus à un « choc » traumatique provoquant une dissociation de la conscience et dont le souvenir, du fait même, reste inconscient ou subconscient. Il pose là les bases de la théorie « traumatico-dissociative » des névroses qui sera développée par Pierre Janet, Joseph Breuer et Sigmund Freud. Ces derniers, entre 1888 et 1889, entreprennent de « retrouver » sous hypnose les souvenirs traumatiques de leurs patients

Freud et l'hypnose (1856-1939)

En 1885, Freud bénéficie d'une bourse de voyage de la faculté de médecine de Vienne et passe quatre mois à la Salpêtrière avec Charcot

Il décide d'appliquer la méthode de Pierre Janet qui est parvenu à guérir des malades de leurs symptômes en retrouvant et désuggérant sous hypnose divers souvenirs traumatiques de leur enfance. Freud passe ensuite à la méthode cathartique de Joseph Breuer, utilisant l'hypnose pour faire revivre affectivement à ses patients des événements traumatiques oubliés.

Abandonnant l'hypnose en 1895, Freud trouve une limite dans son application du fait de la variabilité de la suggestibilité des patients.

En 1917, lors de la dix-neuvième conférence d'introduction à la psychanalyse, il déclare: « je suis en droit de dire que la psychanalyse proprement dite ne date que du jour où l'on a renoncé à avoir recours à l'hypnose ».

Freud a besoin d'élaborer sa propre théorie du psychisme ainsi que sa propre technique. Vingt-cinq ans après son abandon de l'hypnose, il déclara  cependant :

" On ne surestimera jamais trop l'importance de l'hypnotisme pour le développement de la psychanalyse". Au point de vue théorique et thérapeutique, la psychanalyse gère l'héritage qu’elle a reçu de l’hypnotisme.

L'école française d’hypnose s'est progressivement éteinte, seul Émile Coué (et sa fameuse méthode) a poursuivi à sa manière la voie tracée par la suggestion.

En dépit de l'interdit freudien, de nombreux psychanalystes ont continué à s'intéresser à l'hypnose et à la pratiquer. Parmi ces derniers, on peut mentionner en particulier Sandor Ferenczi..

L'hypnose actuelle doit sa renaissance à Milton Erickson (1901-1980) qui l’a considérablement diversifiée et enrichie.